Kinshasa: à travers « Move up », Allexandra Kizizié veut inciter la femme à la transformation personnelle
« Move Up ». Cette plateforme initiée par Allexandra Kizizié prend le pari de militer pour l’autonomisation et transformation de femmes. Au micro de Priminfo.cd, son initiatrice a dévoilé les ambitions de cette structure. Ingénieure électromécanicienne et détentrice d’un MBA en Finances, Allexandra Kizizié est une femme à plusieurs casquettes. Coach, formatrice, conférencière, auteure, enseignante et mère de 2 enfants, elle est à la tête d’ELYONIS Group, une holding qui héberge sociétés, évoluant dans divers domaines. Ce groupe qui opère en Europe et en Afrique est parmi les entreprises qui ont exposé à la 8ème édition de la semaine française, tenue du 24 au 26 avril dernier à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Entretien.
Priminfo.cd: qu’est-ce que « Move Up »? D’où vient-il?
Allexandra Kizizié: « Move Up » fait partie d’Elyonis Group qui existe depuis plus de dix ans. Elle est une société sœur à Metanesis Consulting. C’est une plateforme dédiée à l’autonomisation et la transformation personnelle des femmes. L’année dernière, j’ai perdu mon époux dans un accident de voiture. C’était une preuve pour moi, tant au plan des affaires que celui privé, parce que naturellement, mon défunt mari et moi étions associés dans beaucoup d’activités depuis plusieurs années. Il m’a fallu beaucoup d’énergies et même de ressources externes pour arriver à me relever et me réinventer.
C’est en discutant tour à tour avec des femmes que l’idée de mettre en place « Move Up » m’est venue pour les former, les accompagner, les aider à avancer leurs structures mais la majorité fait face à plusieurs défis.
Priminfo.cd: Quels défis par exemple ?
Allexandra Kizizié: Le défi n’est pas forcément pas la perte d’un époux. D’ailleurs je ne le souhaite à personne. Mais ça peut aussi être un enfant malade, la perte du travail, une séparation voire un sentiment d’illégitimité. Je me suis décidé de mettre en place une plateforme à travers laquelle d’autres femmes qui sont passées par des challenges parviendront à motiver des femmes, leur dire que c’est possible de se réinventer.
*Priminfo.cd: quelle est la cible spécifique de « Move Up » parmi les femmes ?
*Allexandra Kizizié: Nous nous intéressons à trois catégories de femmes. D’abord les femmes entrepreneures, puis les femmes des sociétés et enfin celles en reconversion, autrement des femmes qui sont dans l’informel. L’idée c’est qu’elles puissent être outillées à travers des formations, mentorat en vue de leur savoir être (ndlr: Kibomoto comme on le dit en Lingala).
Nous travaillons également en amont avec des organisations pour mettre en place des politiques qui tiennent comptes des particularités des femmes.
*Priminfo.cd : Et la femme ménagère dans tout ça ? Est-elle exclue ?
*Allexandra Kizizié: Non, elle y est. Elle est dans la catégorie des femmes en reconversion. Tout simplement parce que, j’estime que tout le monde n’est pas appelé à être femme entrepreneure ou à travailler dans une entreprise. Mais si l’on arrive à la transformer, à l’aider à trouver le sens de ce qu’elle fait et à se sentir utile, l’on pourra dire: tout est accompli. Ma mère était une femme ménagère, mais elle avait décidé de donner sens à sa vie. En se disant que « mes enfants seront parmi les grands de ce monde ». Elle a travaillé sur ça.
*Priminfo.cd : Quelle est l’alternative pour des femmes qui ne peuvent pas arriver dans vos bureaux pour bénéficier de ces formations ?
*Allexandre Kizizié: Nous avons deux axes ou volets pour cette formation. Notamment l’Axe corporate: dédié aux femmes entrepreneures, des sociétés puis l’Axe sociale qui, lui, est dirigé vers les femmes ménagères, les femmes qui évoluent dans l’informel, toutes ces femmes dites vulnérables et qui ne sont pas actrices du point de vue économique. Pour le premier axe, nous avons un site web et les réseaux sociaux qui nous permettent de toucher la cible. Seulement, nous insistons sur le fait que Move Up ne vient pas remplacer les structures qui accompagnent déjà ces femmes. Nous apportons juste un contenu de plus. Ce qui justifie le fait pour nous de travailler directement avec ces organisations.
Pour l’Axe social, il y a aujourd’hui des ONG, des associations et même des églises à travers lesquelles femmes et filles vulnérables peuvent être atteintes. Nous passons par ces structures pour apporter notre contribution. À partir du mois de juin, nous allons accompagner un groupe de femmes vulnérables.
Priminfo.cd: Ce que vous faites implique des moyens, qui sont vos soutiens ?
Allexandre Kizizié: Pour l’instant, c’est la structure Metanesis Consulting qui injecte des fonds. Si vous attendez de l’aide pour commencer quelque chose, vous n’y arriverez jamais. Il faut montrer aux autres que vous croyez en vous-même et en votre propre projet. C’est ce que j’ai fait. Cependant, pour aller loin, mes propres efforts ne suffisent. Nous sommes en contact avec des bailleurs de fonds qui sont de plus en plus sensibilisés sur la question du genre. Nous contactons aussi toute structure morale intéressée à cette question. Nous voulons vraiment avoir de l’aide.
Priminfo.cd: et le gouvernement ?
Allexandra Kizizié: Il nous faut des introductions. Il y a notamment les médias qui peuvent nous servir d’interface.
Priminfo.cd: un message particulier à faire passer ?
*Allexandra: J’ai envie de dire aux femmes que certaines épreuves peuvent donner l’impression que les choses sont dures. Mais il faut s’accrocher et rester confiante que c’est possible. Quand on vit, il y a de l’espoir dit-on.
Propos recueillis par Yanel Yahvé